Je vis dans la rue,
Je partage mes journées,
Entre le passage et la vitrine,
Sous la pluie battante, glaciale,
Sous le ciel noir, sombre ou étoilé.
Je vis dans la rue,
J’observe les passants,
Sans cesse, se hâter, se presser,
Tels des machines, mises en marche,
Tels des automates, agités et bruyants.
Je vis dans la rue,
Je deviens une ombre,
Devant cette arche cambrée,
Avec pour toit, le vieux portique,
Avec pour couche gelée, le marbre.
Je vis dans la rue,
Je vois leurs questions,
Sans jamais s’arrêter et parler,
Toujours prompts à juger sans jauger,
Toujours afficher cette même affection.
Je vis dans la rue,
Je survis à l’indifférence,
Avec pour seul ami, cet éclatant néon,
Pour seul bagage, ce grand chariot vide,
Pour toujours, rompre et briser le silence.
Je vis dans la rue,
J’ai oublié cette folie,
Sans vraiment l’avoir apprivoisée,
Ce cordial mal-être me tient compagnie,
Cet intime malaise, devenu comme un ami.
Je vis dans la rue,
Je reviens de loin,
Dans ce petit coin, à l’abri,
Ici, je vis un peu, je suis presqu’en liberté,
Là, j’existe un peu, je suis quasi un témoin.