Bonheur
Louisa Siefert

Poème Bonheur

Et les beaux jours sont pour moi
les plus pénibles.
SENANCOURT

Été vertigineux, négation des pleurs,
Nuits blanches, soirs dorés, aubes resplendissantes,
Épanouissement d'étoiles et de fleurs,
Ivresse magnétique aux effluves puissantes :
Été vertigineux, négation des pleurs !

La nature aujourd'hui rit de son large rire
Et la vibration en émeut les forets.
D'un trait d'or le soleil au zénith vient l'écrire,
La joie en a couru des vignes aux guérets :
La nature aujourd'hui rit de &son large rire.

Notre faiblesse est grande à porter le bonheur,
Le vent n'est pas si fort que cette douce haleine.
Cependant que la terre exaltait le Seigneur,
Mon âme a débordé comme une coupe pleine.
Notre faiblesse est grande à porter le bonheur.

Nous n'avons plus la foi de l'heure inespérée.
Sur ma lèvre tremblaient les mots du paradis,
Ceux par qui le ciel s'ouvre à l'extase sacrée.
Ces mots que je savais, je ne les ai pas dits.
Nous n'avons plus la foi de l'heure inespérée.

Le coeur énervé cède à la fatalité.
Quand vient l'amour avec le bonheur pour amorce,
Nous le regardons fuir d'un oeil désenchanté,
Nous demeurons passifs, nous n'avons pas la force.
Le coeur énervé cède à la fatalité.