La terre dans le ciel promène
Sa face où vit l’humanité.
La terre va ; la vie humaine
Ronge son crâne tourmenté.
Les hommes courent à leurs quêtes
Sur la terre, ardents et pressés ;
Comme aux vieux masques des coquettes
S’obstinent les anciens pensers.
La terre est vieille et décrépite,
Et rêve encor, spectre blafard ;
La terre croit qu’un coeur palpite
Entre ses os couverts de fard.
Chaque jour, de son front par masse
Tombent son plâtre et ses cheveux.
La vie imbécile grimace,
S’enivrant des plus doux aveux.
Et quand revient le crépuscule
Traînant la nuit, parfait miroir,
Jamais sous l’horreur ne recule
La terre qui ne veut pas voir !
- Le temps d’un bras robuste enserre
Ta carcasse, et la fait craquer !
Regarde enfin d’un oeil sincère
Là-haut ton corps se décalquer !
C’est trop longtemps te rendre hommage
Sous ton reflet morne et hideux.
Reconnais-toi dans ton image ;
Confrontez-vous toutes les deux :
O terre lasse ! ô lune inerte !
Foyer mourant ! Cendre des morts !
Toi, que partout l’espoir déserte !
Toi, qui n’as plus même un remords