Tous, l'amant qui dans un baiser verse son âme,
Le grand lis qui jaillit vers le soleil levant,
L'oiseau de mer qui plane et se soûle de vent,
Le martyr qui se jette en chantant dans la flamme,
Le cerf qui, fou de rut, vers les étoiles brame,
Le lion accroupi dans sa cage et rêvant,
Le poète assoiffé de rythme, le savant
Qui dans l'obscur coït d'un problème se pâme,
Tous, un pareil désir, souvent à leur insu,
Les travaille, et, toujours pareillement déçu,
Il demeure quand même à jamais implacable.
Ô désir d’infini, malgré tout persistant!
Hélas ! il nous soutient autant qu’il nous accable.
On en meurt, et la vie en est faite pourtant.