Comme un esprit des hauteurs
Si je pouvais mettre un arrêt à la dévorante seconde vie
Qui me harcèle et me coupe un présent en limite confondue
Où l'avenir comme un lance-flamme
Me dévore le seul présent que je voudrais garder
Comme un esprit des hauteurs je voudrais pénétrer
Aussi avant dans la vie
Que même la vie perdrait sa plus triste raison
Cette consomption où s'arrête un désir
Cette inutile tristesse où se reprend ma raison
Et cette mort qui saborde ma puissance
Quand je me dresse frêle et désespéré
Quand je me dresse pour m'emparer de ce pouvoir
Qui me manque et que je suis déjà maître de la grimaçante
Draperie silencieuse qui se recule toujours
Quand mes forces m'abandonnent
Et que je tombe à la renverse foudroyé comme un mort.
4 juillet 1946