Je suis bien ignorant, Madame :
Je ne sais si j’ai quatre mains,
Si je n’ai qu’un corps ou qu’une âme,
Ou quatre pieds sur les chemins.
Je ne sais pas si j’ai deux queues,
Et deux têtes, il se pourrait ;
Mais je ne ferais pas trois lieues
Pour prendre au vol ce beau secret.
Je ne sais si j’ai quatre joues,
Sous quatre-z-yeux ou sous deux nez,
Comme ceux avec qui tu joues,
Sans gestes trop désordonnés.
Je ne sais pas si j’ai six couilles
Ou six ou sept, entendons-nous,
Ké-ke-ça peut vous fiche arsouilles,
Je ne couche pas avec vous.
Toi, dont le lit doré sait faire
Magnifiquement son devoir,
Peut-être, tu n’as qu’un ovaire
Je ne tiens pas à le savoir.
J’ignore encor si dans les fesses,
S’effeuille la rose des vents,
Car celles sur qui tu t’affaisses
Je consulterai les savants.
Je ne sais rien de rien des choses,
J’aime à bâiller, même au grand jour,
Mieux que l’huître et plus que les roses
Qui n’en font pas moins bien l’amour.
Je ne sais rien qu’un peu l’histoire
De la France el de ses succès,
Or, ce n’est pas très méritoire,
Je suis républicain français.
Je crois savoir qu’elle s’ébauche
Avec les Gaulois, et les Francs,
Ces Germains de la couille gauche,
Qui ne me sont indifférents.
Qu’elle se précise au bruit juste,
Que fit en s’ouvrant sans façons
Le soldat, dont Clovis, auguste,
Fendit le vase de Soissons,
Qu’elle s’étend, sous sa courtine
Que les Lys brodent à l’envi,
Jusqu’au règne de Valentine,
Sous le nez de Monsieur Grévy.