Le Ciel a de jeunes pâturages
Tendres, vers un palais triste et vermeil :
Un Essaim d’Heures sauvages
Guide Pasiphaé, petite-fille du Soleil.
Des troupeaux silencieux du ciel,
Un nuage, un doux taureau s’écume,
Se détache, avec le souci réel
Du Baiser qui l’arrose et la parfume.
Et ces neiges, fraîcheur et ferveur,
Au ciel des étreintes fatales,
S’unissent, ô Douleur !
Le taureau roule sur la prairie idéale.
La Passion plus doucement encore a lui
Sous le Baiser qui les parfume et les arrose,
Ils s’absorbent au ciel qui les absorbe en lui.
Reste seule la bave du Baiser, amère et rose.
Le Couchant a brûlé comme un palais,
Et le ciel s’aveugle avec les cendres
Qu’un Dieu noir chasse avec un balai.
Vénus, diamant et feu, au jardin d’amour, va pendre.
Autour de la jeune Eglise,
Par les prés et les clôtures
Et les vieilles routes pures,
La nuit comme une eau s’épuise.
C’est l’aube toute divine
Et la plage violette,
Avec des voiles en fête
Au ciel tel qu’une marine.
Guerre et semaille, avalanches
De nos thèmes et nos mythes,
Par les labours sans limites
Sommeillant pour les revanches.
Mais le sang petit et pâle
Que l’aurore a dans les veines,
Ô Seigneur ! est-ce nos peines
Ou votre pitié fatale ?
Nos voeux des vôtres sont frères,
Vous tous dont le coeur murmure
Depuis l’ancienne aventure
Montez, Aubes et Colères !