A Madelaine F.
Un jardin tout planté de poiriers en plein vent,
Auxquels depuis trente ans le pinson est fidèle,
Une blanche maison où revient l’hirondelle,
Voilà le nid heureux que je rêve souvent.
Un bouquet de sureaux au parfum énervant,
Par les midis en feu, servirait de tonnelle ;
J’aurais un banc très court pour être plus près d’Elle
Et mieux sentir son doux regard noir me couvant.
Puis des murs tapissés de ronces et de treilles,
Des carrés tout remplis de fèves et de pois,
Dont les fleurs à ta joue, ô chère ! sont pareilles.
Là, nous apporterions un livre quelquefois,
Je te lirais mes vers au bruit de nos abeilles,
Et tu t’endormirais doucement à ma voix.