Maître Christian Loftel n'a d'état que celui
De faire des cercueils pour les mortels ses frères,
Au fond d'une boutique aux placards funéraires
Où depuis quarante ans le jour à peine à lui.
À cause de son air étrange, nul vers lui
Ne vient : il a le froid des urnes cinéraires.
Parfois, quelque homme en deuil discute des parères
Et retourne, hanté de ce spectre d'ennui.
Ô sage, qui toujours gardes tes lèvres closes,
Maître Christian Loftel ! tu dois savoir des choses
Qui t’ont creusé le front et t’ont fait joint les sourcils.
Réponds ! Quand tu construis les planches péremptoires,
Combien d’âmes de morts, au choc de tes outils
Te content longuement leurs posthumes histoires ?