La maison c’est des mains
Eleni Cay

Poème La maison c’est des mains

Les jours tombent, l’un après l’autre,
telles des gouttelettes d’une pluie chaude.
Un vent insolent tourne des pages de ton livre jusqu’à ce que tu oublies tout.
Tout.
Tout ce qui t’était cher et précieux.

Sur une plage, on voit une vague remuer du sable, le lisser.
D’un moment à un autre, la vie te revient en pensée.

Tu ne te souviens de presque rien, c’est tellement effrayant…
Des billes en verre témoignent de tout : comme au tribunal.
Oh, mon Dieu, dis-moi, qu’est-ce qui a été oublié et qu’est-ce qui le sera encore ?

Ne te soucie de rien, tout finira bien.
Il y a des moments rares comme de la nacre des coquillages.
Le temps et l’océan ne rattrapperont plus ces moments,
car trop loin sur la côte, ils s’étaient enfuis.
Ces moments-là avaient l’odeur d’un tabac amer,
et uniques – comme les mains de nos mères,
ils te porteraient, jusqu’aux étoiles.