To labour doom’d and destin’d to be poor.
Penrose.
I
Quand l’avenir pour moi n’a pas une espérance,
Quand pour moi le passé n’a pas un souvenir,
Où puisse, dans son vol qu’elle a peine à finir,
Un instant se poser mon Âme en défaillance ;
Quand un jour pur jamais n’a lui sur mon enfance,
Et qu’à vingt ans ont fui, pour ne plus revenir,
L’Amour aux ailes d’or, que je croyais tenir,
Et la Gloire emportant les hymnes de la France ;
Quand la Pauvreté seule, au sortir du berceau,
M’a pour toujours marqué de son terrible sceau,
Qu’elle a brisé mes vœux, enchaîné ma jeunesse,
Pourquoi ne pas mourir ? de ce monde trompeur
Pourquoi ne pas sortir sans colère et sans peur,
Comme on laisse un ami qui tient mal sa promesse ?
II
— Pauvre enfant, qu’as-tu fait ? qu’avais-tu pour mourir ?
Te fallait-il de l’or pour te plaire à la vie ?
Quoi ! d’un pareil regret ton âme poursuivie
Sous la pourpre et la soie espérait moins souffrir !
— Non ; la pourpre et la soie auraient pu me couvrir
Sans prendre à leur réseau ma vanité ravie ;
Par de meilleurs zéphyrs ma jeunesse servie,
Loin d’un soleil pompeux, aurait aimé fleurir.
Il ne m’aurait fallu, sur un coin de la terre,
Qu’un loisir innocent, un chaume solitaire ;
Les trésors de l’étude à côté d’un ami ;
Et, vers l’heure où le jour fuit sous l’ombre naissante,
Une main pour répondre à ma main frémissante,
Un sein où me pencher, les yeux clos à demi.