Les cordes de la lyre ont oublié mes doigts.
ANDRÉ CHÉNIER.
Vierges du Pinde, où cachez-vous ma Lyre ?
L’ai-je égarée aux bosquets que j’aimais ?
De son destin ne sauriez-vous m’instruire ?
M’est-elle donc enlevée à jamais ?
Pour la trouver, de la double colline
Mes tristes pas deux fois ont fait le tour ;
Mais vainement, filles de Mnémosyne,
J’ai parcouru votre riant séjour.
Voici les lieux chers à ma rêverie,
Voici les prés dont j’ai chanté les fleurs,
Les marbres saints, l’autel de la patrie,
Que tant de fois j’ai mouillé de mes pleurs.
Et cependant je ne vois rien encore ;
De toutes parts je jette en vain les yeux ;
J’éveille en vain dans sa grotte sonore
L’écho sacré des bois religieux.
Ma Lyre, hélas ! si tu n’es pas brisée,
Si tu peux fuir les pas du voyageur,
Dans les gazons la nocturne rosée
A tes accens ravira leur douceur.
Un jour peut-être, à mes désirs rendue,
D’un poids rouet tu chargeras mes mains ;
Et moi, pleurant ta puissance perdue,
Du mont sacré j’oublîrai les chemins.
Vierges du Pinde, où cachez-vous ma Lyre ?
Elle n’est point aux sentiers que j’aimais.
De son destin ne sauriez-vous m’instruire ?
M’est-elle donc enlevée à jamais ?