Les années 2010 ont été pour le moins foisonnantes pour la musique française. Avec des titres incontournables et aux styles divers et variés, la période a signé un véritable tournant dans l’histoire de la musique. L’industrie musicale a alors un retentissement encore jamais connu, vivement soutenue par des chaînes qui se spécialisent le temps de quelques années dans la diffusion de clips à la télé, tels que Virgin 17 (désormais D17 depuis le rachat par Direct 8) et W9. Retour sur ces morceaux qui ont marqué toute une génération
L’émergence d’une musique pop aux influences d’électro
Les années 2010 sont marquées par la popularisation des nouvelles technologies auprès d’un public très large - pour ne pas dire tout le monde. Et la musique s’en ressent d’autant plus influencée par des sonorités très électroniques.
« Elles préfèrent "j'te fais l'amour" à "j'te baise" / Ces deux filles là sont sympa, mais il y'a quelque chose qui cloche, l'une est cool et l'autre est moche »
Ils étaient beaux et jeunes, faisaient rêver toutes les collégiennes (avouez-le, on avait toutes un poster d’eux dans nos chambres), les 5 bg mécheux ont sorti hit sur hit, sur ces airs un peu moqueurs et jemenfoutistes d’adolescents en crise. Les filles adorent a été le premier d’une série de tubes, très vite suivi de Chuis Bo! ainsi que Ce matin va être une pure soirée en featuring avec Fatal Bazooka et Big Ali. Une recette qui demande assez peu de compétences vocales et d’imagination mais ça marche à merveille. La conscience d’être des clichés absolu et leur autodérision à ce sujet, le tout sur des sons festifs mêlant électro à la pop suffit à faire de PZK des incontournables de toute une génération.
Des sonorités venues d’ailleurs pour nous faire danser
Et puisque les années 2010 sont synonymes de boîtes de nuit, il fallait s’attendre à de la diversité dans les morceaux destinés à nous faire bouger. C’est de là que le dancehall et l’afrobeat nous sont venus.
Debout pour danser - Collectif métissé
« Le son qu'on aime pour changer les idées / Tout le monde debout pour danser »
Ils sont plus fédérateurs que quiconque. Le Collectif métissé s’est constitué en 2009 autour de Soma Riba, avec des membres venant de toutes parts : des origines françaises, marocaines, jamaïcaines, ou portugaises, le tout formant un merveilleux cocktail ensoleillé.
Hyperproductifs, chacun de leurs morceaux avait le mérite de faire danser tout le monde avant même qu’on s’en rende compte. Avec Debout pour danser, c’est directement la fête. On se croirait dans les tropiques, un sex on the beach à la main. C’est pas pour rien que les titres du Collectif métissé trainent sur les playlists des Club Med depuis des années maintenant.
« Aussitôt que le jour se lève, tu es dans ma tête / Tu hantes mes pensées, je n'en sortirai pas inerte / Car tu as ton copain et tu tiens à lui, c'est net / Mais girl, écoute ça »
Et comment parler du dancehall sans parler de ce monument de la musique française : Celui de Colonel Reyel est l’hymne de toute une génération. Vous pourrez détester ce morceau tant que vous le voudrez, personne ne peut nier qu’il en connaît les paroles sur le bout des doigts. A mi-chemin entre le reggae, le R&B et le zouk, le son est un pur concentré de soleil et d’été. Vivement critiqué par les médias pour l’usage abusif d’autotune et la faible qualité des paroles, Colonel Reyel n’en a que faire car il est évident que ça fonctionne à merveille. Le chanteur incarne dès lors le loveur par excellence. Les States ont Drake, nous on a Colonel Reyel...
Hold my hand - Zaho et Sean Paul
« Girl you know I care / So if you ever seem to lose your way, don't have no fear / Hold my hand »
« Meuf tu sais que je prendrais soin de toi / Si jamais tu sembles perdre ton chemin, n'ai aucune crainte / Tiens ma main »
Collaboration pour le moins étonnante, on a du mal à comprendre ce que Zaho et Sean Paul viennent faire sur le même morceau, et pourtant le résultat glisse dans les oreilles comme une évidence. C’est même une sacrée réussite, quand on sait combien les featurings entre les artistes francophones et outre-atlantiques sont parfois assez maladroits, d’autant que Sean Paul a plutôt l’habitude de collaborer avec des stars de son envergure. En tous cas, entre le jamaïcain et la belle algérienne, on peut dire qu’il y a une véritable alchimie musicale. Le morceau de reggae s’impose aisément en France - ce qui est peu étonnant aux vues des deux têtes d’affiche.
Quand l’électro s’impose sur le devant de la scène musicale
Si elle s’est savamment mêlée à la pop sur des sons assez légers et caricaturaux, l’électro en elle-même a aussi et surtout connu un énorme succès dès le début des années 2010.
Alors on danse - Stromae
On l’a entendu en boucle encore et encore sur tous les supports possibles et imaginables : le morceau du belge Stromae est indubitablement un succès phare des années 2010. Son clip est diffusé sur toutes les chaînes de télévision, sa musique sur toutes les stations de radio, honnêtement il était assez difficile de passer à côté. Le titre révèle Stromae à travers le monde, tant en Europe où il reçoit de multiples certifications, qu’outre-atlantique où il résonne au Canada, ou même encore au Maghreb. Avec sa techno un peu à l’ancienne, le morceau séduit autant pour danser que pour le plaisir d’écouter. Il fera même l’objet d’un remix aux côtés de Kanye West. C’est dire l’impact et l’importance de ce titre ! Papaoutai connaîtra même un succès encore plus retentissant par la suite.
« Like the legend of the phoenix / All ends with beginnings / What keeps the planet spinning /The force from the beginning »
« Comme la légende du Phénix / Tout fini avec ses débuts / Qu’est-ce qui fait tourner la planète /C’est la force du commencement »
Disque de diamant en France, certifié à travers la planète entière, premier de tous les charts, Get Lucky des Daft Punk en collaboration avec Pharrell Williams est le tube planétaire par excellence. Merveilleuse harmonie entre le disco et l’électro, entre le retro et le futuriste, avec ce solo de guitare légendaire qui introduit le morceau, Get Lucky est reconnaissable entre mille, unique en son genre. Un hymne à la joie intemporel, qui a reçu le succès qu’il méritait.
Parce qu’on ne se lasse pas de notre bonne vieille variété…
Que serait cette liste sans nos bons vieux morceaux de chanson française ? La variété française a encore de beaux jours devant elle.
« Tri martolod yaouank... la la la la la la la / Tri martolod yaouank i vonet da veajiñ »
C’était pas gagné, et pourtant elle l’a fait : on s’est tapé un chant traditionnel breton en boucle pendant des semaines et des semaines. On n’imaginait pas une seule seconde que ça arriverait un jour, et pourtant, comme quoi… Le terroir nous réserve bien des surprises ! Quoiqu’il en soit, Nolwenn Leroy a su conquérir la France - et même les Parisiens, si, si, on vous assure - avec ce titre tout droit venu de Bretagne.
« Donnez moi une suite au Ritz, je n'en veux pas! / Des bijoux de chez Chanel, je n'en veux pas / Donnez moi une limousine, j'en ferais quoi? »
Bon, certains ont détesté, mais beaucoup ont adoré - enfin, on imagine, vu que le son a tourné en boucle sur toutes les chaînes - Je veux et ses sonorités manouches ont révélé Zaz au public. On est très loin des codes de la musique commerciale du moment, et pourtant vraisemblablement les gens adorent. L’ambiance très métro parisien et la simplicité prônée par l’artiste dénote bien avec les tendances très excentriques des années 2010. En tous cas, c’est une belle réussite pour la jeune femme, qui démarre ainsi sa carrière sur les chapeaux de roue.
Enfin, le rap a connu un véritable tournant dans les années 2010
Bien que le début de la décennie présente un rap aux codes encore bien différents de ceux que l’on connait actuellement. En revanche, force est de constater que les tubes de cette époque sont des monuments de la musique.
« Adieu cette France profonde / Profondément stupide, cupide, inutile, putride / C’est fini vous êtes en retard d'un siècle / Plus personne a besoin de vous, bande d’incestes »
Et comment parler de monument sans parler de celui-ci. Orelsan avait fait un bruit monstrueux avec son titre ô combien polémique Sale pute, qui lui avait valu un lynchage médiatique, mais il ne s’est pas laissé abattre et a sorti Suicide social, annonçant d’avance qu’il ne se pliera pas aux injonctions de la presse musicale. Alors avec ce titre éminemment politique, Orelsan impose sa vision d’une société qui court à sa perte, dénonçant avec virulence les vices qui s’y cachent. Du bon vieux rap conscient comme on n’en fait plus.
Wati by night - Sexion d’Assaut
« Hello sista, je te demande pas ton numéro / On t’as déjà dit que t'étais une beauté numérique / Tu comprends le lingala ? M'boté ma chérie »
Changement de registre avec Wati by night de Sexion d’Assaut, bien que le groupe n’a pas manqué de faire bon nombre de titres engagés, un de ceux qui nous a le plus marqué c’est bel et bien celui-ci. Intemporel, Wati by night est encore de ces classiques qu’on ne se lasse pas de passer aux soirées. Après Désolé, ils ne nous avaient pas laissé respirer en nous balançant immédiatement à la suite cet immense bop, qui n’a pas fini de résonner dans nos têtes. Symbole d’un âge d’or de la Sexion, on a hâte de voir leur retour.