« Une seule consigne : utiliser cinq mots du champs lexical de l'OM et du football dans la performance. » Tel est le projet de l’Olympique de Marseille pour cultiver les liens entre les rappeurs locaux et le club de football avec ses OM Sessions.
Il faut dire que les relations entre les deux domaines ne sont méconnus de personne. Globalement, les deux se rejoignent comme étant des moyens d’expression accessibles et appréciés au-delà des clivages de niveau de vie. Les deux entrent dans une culture urbaine commune, et les deux constituent des domaines où les minorités sont représentées significativement et positivement. Musicalement, il n’est pas rare de voir des rappeurs célébrer le football dans leurs morceaux, ou tout du moins en insérer des références - on comptera parmi eux Shay avec son Thibaut Courtois, Maes avec son Dybala, ou encore Niska avec son Matuidi. Peu étonnant donc, de voir un club de football honorer ces liens intimes avec le rap. L’OM a d’ailleurs établi à cet égard une playlist sur Spotify réunissant à la fois les fruits de son projet, et les titres majeurs faisant mention du club, parmi lesquels on retrouve tout naturellement la légende de la cité phocéenne, Jul, mais également SCH, Soprano, Alonzo et Naps. Et puisque cette relation est ancestrale, on y trouvera aussi des titres de IAM, le groupe de rap mythique de Marseille.
Là où l’OM fait fort, c’est en organisant sérieusement ces relations avec des rappeurs locaux. Le projet OM Sessions débute en 2019 avec un freestyle d’Am La Scampia, qu’on retrouve sur un morceau en hommage à la légende du football Maradona, auquel il donne le titre de son freestyle. Le son est accompagné d’un clip sur un terrain d’entraînement de l’Olympique de Marseille. Kemmler posera également un freestyle pour le projet, avec cette fois un clip à l’Orange vélodrome, le stade emblématique du club.
Le projet a un objectif très simple : par le biais de cette relation foot/rap, donner de la visibilité à de jeunes rappeurs locaux. En plus de leur offrir un public, l’OM leur trouve des beatmakers et des studios pour enregistrer. Un vértiable accompagnement donc, qui se solde par l’honneur d’avoir un titre clipé teasé par l’OM. Si le rendu est assez professionnel, il n’en est pas pour autant impersonnel, car ces sessions animées par R.E.D.K sont l’occasion d’en apprendre plus sur l’artiste, de proposer une discussion pour le découvrir, connaître les dessous de la création du freestyle, les inspirations etc, le tout dans une ambiance très décontractée. Il y a une véritable volonté de chasser les étoiles montantes, comme au mercato, et miser dessus et en toute bienveillance leur apporter de l’audience.
S’investir autant dans la musique, ce n’est pas par intérêt pécuniaire. Pour l’OM, c’est une façon de témoigner son attache à la ville. Car la cité phocéenne de demain, ce sont les jeunes. Et quand on connait les problèmes de criminalité à Marseille, où les jeunes tombent très tôt, c’est là une belle façon de les encourager à s’investir dans des passions telles que le foot ou le sport. C’est donc presque un investissement éducatif qu’autre chose.
Les relations entre le rap et l’OM ont donc de beaux jours devant elles. Si les deux avaient toujours été très imprégné l’un de l’autre, ce projet sera l’occasion d’en faire quelque chose de véritablement constructif. Une belle façon de répondre à ceux qui stigmatiseraient le rap comme étant le lieu de réunion de tous les délinquants.