Lous and the Yakuza, l'artiste à suivre du moment

Publié le: 07/07/2020 15:53
Mis à jour le: 05/10/2020 12:27
Bruxelloise d'origine congolaise, Lous and the Yakuza impose sa musique dans une volupté inspirante. Sa musique est des plus prometteuses.

Décidément, la Belgique n’a pas fini de nous narguer avec la multiplicité de ses talents féminins. Après Shay et Angèle, c’est Lous and The Yakuza, amie de Damso, qui fait parler d’elle ces derniers temps. A mi-chemin entre le rap, la pop et le RnB, la jeune femme impose son univers avec un charme envoutant. Elle tire son nom Lous de son amour pour la soul, et The Yakuza pour le collectif artistique dont elle fait partie, son crew. 

 

Avec ses dessins sur le visage, ce symbole qu’elle appelle « les mains vers le ciel » au milieu du front, qu'elle stylise sur chaque couverture de single, son style est loin de passer inaperçu. Comme une FKA Twigs belge, elle assume son excentricité qu’elle mêle a une sobriété vestimentaire, le tout dans une légèreté qui façonne son image à la perfection. A seulement 24 ans et quelques morceaux sortis, elle se révèle à travers l’Europe par sa musique tant sa créativité est saisissante, dans sa musique comme dans ses clips.

 

« Tout est gore qui finit gore / Il est écrit sur mon corps »

 

Son inspiration, elle la puise dans son vécu. Car la jeune femme, derrière ses traits délicats, cache un passé douloureux. Déshéritée puis mise à la rue par ses parents avant d’être aidée par sa soeur, Marie-Pierra Kakoma de son vrai nom a connu des moments particulièrement difficiles. Si elle pourrait s’en servir pour asseoir une quelconque street-crédibilité, au contraire elle demeure assez pudique à ce sujet, tout en confiant et laissant transparaître ces blessures de la vie dans sa musique, le tout dans un état d’esprit assez combatif, contrastant avec la délicatesse de sa voix, notamment dans son titre Tout est gore. Le clip de ce morceau témoigne de toute son inventivité : elle alterne les styles vestimentaires et les maquillages comme une oeuvre d’art - elle même se décrit comme étant une « toile qui marche et qui respire » - accompagnée des danseurs de son crew. Une vidéo d’une certaine qualité artistique donc, qui vaut le détour.

 

« Le temps a fait de nous deux inconnus/ Dire qu'il y a peu, t'étais là, j'étais nue /Maintenant, on fait genre on ne s'est jamais vu / À te perdre, j'en étais bien résolue »

 

Elle nous a révélé ces derniers jours dans un Color Show sur fond couleur prune son dernier single Bon acteur. Dans une tenue mêlant encore originalité et élégance, elle pose sa voix délicate pour nous raconter une histoire d’amour passionnelle mais teintée de mensonges. Des mots crus qui font le récit d’une situation que l’on a toutes et tous vécus dans une intensité vocale toutefois nuancée avec mesure.

 

Lous and the Yakuza semble ainsi pleine de talent, et le succès qu’elle connait peu à peu est amplement mérité. C’est un véritable plaisir de voir une femme noire s’épanouir dans le rap francophone, surtout quand l’on sait combien il est dur pour elles de s’imposer. Une femme forte dont émane une véritable intelligence : voilà de quoi en inspirer plus d’une, alors que l’on a tendance à caricaturer toutes celles qui se lancent dans la musique. Son album Gore, produit par El Guincho - le producteur de ROSALIA - est prévu pour une date encore inconnue, mais il risque de vraiment révéler la jeune femme à un public bien plus large.

Yassmine Haska