Alors j'ai enterré ma hache, j'ai ravalé ma rage
Et faute de pouvoir la tourner j'ai rafraîchi la page
Ils m'ont dit va gagner ta maille, ça sert à rien de batailler
Va te faire salarier, va raser ta barbe
J'ai laissé ma dignité dans mon bleu de travail
À trente ans j'ai appris à faire des nœuds de cravate
J'ai mis la panoplie moderne, me voici honnête
Contre un smic, immobile, à la porte d'un hôtel
Les saisons passent et moi je pense
Je pense à tout ce temps que je gâche
Et chaque minute et une dent qu'on m'arrache
Je m'éloigne de mes rêves et me réveille dans le réel
Je sais plus, je crois qu'ils m'ont coincé entre Ed et EDF
Dans le désert du prosaïsme moi je cherchais l'oasis
Mais de mes lèvres c'était déjà évaporée trop de salive
Et me voilà pris dans mon col, bouffon que je suis
Ma liberté elle tient dans un bouton de chemise
Mais ça y est maman j'ai bien réfléchi
Regarde, c'est écrit, juste ici : CDI
Allez c'est bon, ne vous inquiétez plus pour votre fiston
Il va gagner son beefsteak faute de chier des biftons
Je tourne en rond mais tant qu'y a de l'eau dans mon bocal tout baigne
On s'habitue même à l'odeur d'un local poubelle
Faut penser au futur pour ne plus croire en l'instant
Qu'est-ce qui m'a pris de vouloir vivre avant mes soixante-cinq ans...
Étais-je heureux quand j'avais rien à grailler ?
Maintenant mon frigo est plein à craquer
Je pense même que si je pense moins
Avoir la panse pleine ça compense bien
J'ai vidé mes tiroirs, mes idées, ma mémoire
Je change et m'arrange pour éviter les miroirs
Les surnoms de rap, c'était plus de mon âge
Bonjour maintenant mon nom est écrit sur mon badge
Mes patrons me prennent pour un con mais au fond je leur pardonne
En guise de prime de fin d'année j'ai eu mon premier smartphone
Je m'accorde cinq minutes quand je suis en quête de satisfaction
Ressens des frissons quand je télécharge des applications
Je deviens ce traître, ce chien qui a besoin de maître
Je vois le ciel de ma fenêtre
Et pense à fuir, je sais pas, demain peut-être
On me dit '"tu t'en tires pas mal"
Mais ceux qui m'entourent pourraient devenir ceux qui m'enterrent
Je suis ce sédentaire qui a des frais dentaires
Et se consolera devant des documentaires
Allez, c'est bon, je jouerai le jeu
C'est à mes illusions que je foutrai le feu
J'étouffe et je voudrais dénouer ce nœud
Mais je ferais ce que je pourrais pour être heureux
Demain promis je prends ma vie en main mais là laissez-moi la prendre en photo
C'était trop fatiguant d'être un humain, ça y est je suis un robot...
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