Octobre 2006 : hôpital Delafontaine. Pour la première fois, j’viens d’me faire défoncer,
j’viens d’me faire piétiner par 15 personnes et prendre trois coups de couteau. Et là j’commence à penser avec mon homme intérieur, tu vois. J’me dis :
"C’est un complot c’qui s’passe, on veut m’empêcher de devenir ce que je dois être, c’est pas possible."
J’suis comme bloqué sur ce matelas face à une infirmière et j’vois elle me regarde d’un air
"c’est quoi encore cet animal qui aime ce style de vie ?", tu vois. Hey non, non, non, non : là je l’arrête tout de suite
Madame l’infirmière, s’il vous plait, prenez soin de ma life
Soignez bien ma personne et faites que personne ne die
Sans être, sans être persuadé que j’suis une personne naze
Sans vous fier aux plaies sur le corps du personnage
S’il vous plait madame, ne m’demandez pas quel souci m’emmène
Vous capterez pas sans avoir connu la source du problème
Capterez pas sans avoir connu les rues essonniennes
Qui aspirent du sang à en concurrencer Always
Pour m’comprendre, faut avoir connu la vie de pauvre men
Avoir porter des shoes Atemi, des jeans sans name
Avoir connu mon hood, Bergeries, ses conditions d’gang
Avoir connu y’a 12 ans, sans protéine et sans Whey
Avoir porté le même caleçon plus d’une semaine
Avoir usé dans l’métro un peu plus d’une semelle
Avoir vu Paris, vu d’une fenêtre de mon bat’
Et pas ce Paris vu de la Butte de Montmartre
Là elle est choquée tu vois. Elle pensait pas qu’on pouvait vivre ça dans la ville qu’elle connaissait.
Là elle commence à avoir de la pitié pour moi parce que je me suis laissé entraîner dans cette vie
mais elle comprend que le problème vient de plus loin que les blessures qu’elle voit, tu vois, que mon âme intérieur est plus grande que tout ça.
J’vois qu’elle s’intéresse plus à cette histoire et qu’elle peut me sortir de là donc j’continue, j’continue à parler.
Tu comprendras tout c’que j’dis si à cause de ton faciès
On pense que tu manques d’éducation malgré un bac S
Si ta maman a acheté tes tenues aux rebeus de Barbès
Si t’as r’connu la cuisine de Coluche dans ton assiette
Tu comprendras pas tout si t’allais pas au collège
En faux survét’ Lacoste, fausse montre Rolex
Si t’as pas vu l’boulevard après la fermeture des commerces
Rempli de meufs qui font d’leur corps un fonds de commerce
Si t’as jamais eu honte de choses que tu ne dis ap’
Genre avoir eu des pompes grâce à Popo et Marie-Jeanne
Sans aller à l’école avec une pluie de tracas
Planquant une arme en guise de doudou dans le cartable
Si t’as pas connu ma crado chambre
Partagé avec des clandos et (honte ?), ne juge pas la sère-mi
Si t’as pas connu le manque d’eau chaude
Pas eu cette maman femme de chambre, tu connais pas la sère-mi
Là elle est auch’, auch’ sur moi tu vois. Plus de préjugés, elle a envie de m’sauver, m’aider tu vois.
Elle a capté que mon discours il était sincère, j’crois que elle l’a senti.
Elle a envie de m’aider à changer de life, devenir celui que j’dois être.
Tu voudrais aussi t’en sortir si t’avais connu tout ça
Sans glorifier la merde ou s’en moquer comme un goujat
Madame l’infirmière, laisse-moi une chance hey
J’ai du talent, laisse-moi au moins la chance d'percer
J’ai trop perdu de temps mais l'élu s'lève
Dans c’combat contre le Diable, il fallait bien que Jésus s’mêle
J’me barre de ce brancard et persévère
Il faut que je m’occupe des affaires de mon père céleste
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