J'oublie de manger mon sandwich
Et je songe à me faire prêtre
Quand elle paraît à sa fenêtre
Comme une sainte dans sa niche
Barbe, cheveux, sourcils incultes
Mon jardin est à l'abandon
J'éteins la télé qui m'insulte
Et comme je suis un fin guidon
Je prends mon vélo par les cornes
J'ai donné quelques tours de roue
Le ciel est pâle, le matin morne
À sa fenêtre à guillotine
Mon regard est toujours pendu
Dommage qu'une paire de bottines
Soit tout ce qui s'offre à ma vue
Lorsqu'elle apparaît sur son socle
Qu'elle brille dans son cadre doré
J'en laisse tomber mon monocle
Je gambade à travers les prés
Je prends mon vélo par les cornes
J'ai donné quelques tours de roue
Le ciel est pâle, le matin morne
Dans cette lumière d'aquarium
Le front appuyé sur la vitre
Avec ma barbe et mon teint d'huître
Je traumatise le géranium
Alors elle écarte la brume
La brume de ses rideaux de soie
Et dans la chambre qui s'allume
Eclate la chapelle de la joie
Je prends mon vélo par les cornes
J'ai donné quelques tours de roue
Le ciel est pâle, le matin morne
Derrière mes rideaux de cretonne
Rêvassant dans le demi-jour
Je suis comme une jeune fille bretonne
Je brode en attendant l'amour
Je prends mon vélo par les cornes
J'ai donné quelques tours de roue
Le ciel est pâle, le matin morne
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