La mousse des vieux jours qui brunit sa surface,
Et d’hiver en hiver incrustée à ses flancs,
Donne en lettre vivante une date à ses ans.
Harmonies.
Qu’il vienne à ma croisée.
PETRUS BOREL.
De la maison momie enterrée au Marais
Où, du monde cloîtré, jadis je demeurais,
L’on a pour perspective une muraille sombre
Où des pignons voisins tombe, à grands angles, l’ombre.
- À ses flancs dégradés par la pluie et les ans,
Pousse dans les gravois l’ortie aux feux cuisants,
Et sur ses pieds moisis, comme un tapis verdâtre,
La mousse se déploie et fait gercer le plâtre.
- Une treille stérile avec ses bras grimpants
Jusqu’au premier étage en festonne les pans ;
Le bleu volubilis dans les fentes s’accroche,
La capucine rouge épanouit sa cloche,
Et, mariant en l’air leurs tranchantes couleurs,
À sa fenêtre font comme un cadre de fleurs :
Car elle n’en a qu’une, et sans cesse vous lorgne
De son regard unique ainsi que fait un borgne,
Allumant aux brasiers du soir, comme autant d’yeux,
Dans leurs mailles de plomb ses carreaux chassieux.
- Une caisse d’oeillets, un pot de giroflée
Qui laisse choir au vent sa feuille étiolée
Et du soleil oblique implore le regard,
Une cage d’osier où saute un geai criard,
C’est un tableau tout fait qui vaut qu’on l’étudie ;
Mais il faut pour le rendre une touche hardie,
Une palette riche où luise plus d’un ton,
Celle de Boulanger ou bien de Bonnington.
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