Toi qu'au beau temps appelé Renaissance
Un statuaire, habile ciseleur,
En ce château fit par réminiscence
Des anciens Grecs, vierge à la lèvre en fleur,
Vois le soleil qui baise ta pâleur.
Puisque son oeil amoureux te festoie,
Que devant lui ta chevelure ondoie!
Montre ton corps superbe au fier dessin,
Et, sous le vent caressant qui tournoie,
Souris, Guerrière, et fais voir ton beau sein.
Ah! la splendeur de ton adolescence
Et ton regard terrible et cajoleur
Éveilleront par leur seule puissance
Le geai folâtre et le merle siffleur
Et tout le gai renouveau querelleur.
Car, pour revivre, il suffit qu'on te voie!
Dans le feuillage adouci qui verdoie
Et de qui l'ombre emplit le clair bassin,
Que ta blancheur sous les rayons chatoie!
Souris, Guerrière, et fais voir ton beau sein.
Fais resplendir en leur magnificence,
Pour cet Avril ruisselant de chaleur,
Tes charmes nus, dont la sainte innocence
Fait oublier le crime et la douleur.
Malgré le doux printemps ensorceleur,
Notre âge affreux sous la tristesse ploie;
Cette Euménide a fait de lui sa proie,
Il est malade, il veut un médecin.
Ah! pour guérir le mal qui le foudroie,
Souris, Guerrière, et fais voir ton beau sein.
Envoi.
Reine, prodigue à l'astre qui flamboie
Ce sein aigu qui brilla devant Troie!
Quoi qu'en ait dit notre siècle malsain,
Rien ici-bas n'est divin, que la joie:
Souris, Guerrière, et fais voir ton beau sein.
A la Villa, avril 1869.
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