À Eugène Grangé
Théodore De Banville
paroles Théodore De Banville À Eugène Grangé

Théodore De Banville - À Eugène Grangé Lyrics

La fille du gai Thespis
Est tout endormie
Et penche son front de lys
Sur sa main blêmie.
Ses Bacchantes aux doux yeux
Ne versent plus le vin vieux ;
Assez de pleurs ! j’aime mieux
L’amour de ma mie.

On dit que nous triomphons !
O gaîté facile,
Où sont tes joyeux bouffons
Venus de Sicile ?
Les grands mots ont effrayé
Ce peuple au manteau rayé
Dont Molière a défrayé
La verve docile !

Mais ta Muse lace encor
A son pied d’albâtre
Le léger brodequin d’or
Qui sied au théâtre.
L’Amour est votre échanson,
Il rit à votre moisson :
Qu’il nous rende la chanson
Rieuse et folâtre !

Que la Comédie au moins
Ait son chant du cygne !
Ah ! sans prendre tant de soins
Pour paraître digne,
Son beau rire était si prompt !
Ami, sans lui faire affront,
Rien ne sied mieux à son front
Qu’un rameau de vigne.

Mai 1855.


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