Enfants de vanité, qui voulez tout poli,
qui le style saint ne semble assez joli,
Qui voulez tout coulant, et coulez périssables
Dans l'éternel oubli, endurez mes vocables
Longs et rudes ; et, puisque les oracles saints
Ne vous émeuvent pas, aux philosophes vains
Vous trouverez encore, en doctrine cachée,
La résurrection par leurs écrits prêchée.
Ils ont chanté que quand les esprits bienheureux
Par la voie de lait auront fait nouveaux feux,
Le grand moteur fera, par ses métamorphoses,
Retourner mêmes corps au retour de leurs causes.
L'air, qui prend de nouveau toujours de nouveaux corps,
Pour loger les derniers met les premiers dehors ;
Le feu, la terre et l'eau en font de même sorte.
Le départ éloigné de la matière morte
Fait son rond et retourne encore en même lieu,
Et ce tour sent toujours la présence de Dieu.
Ainsi le changement ne sera la fin nôtre,
Il nous change en nous-même et non point en un autre,
Il cherche son état, fin de son action :
C'est au second repos qu'est la perfection.
Les éléments, muants en leurs règles et sortes,
Rappellent sans cesser les créatures mortes
En nouveaux changements : le but et le plaisir
N'est pas là, car changer est signe de désir.
Mais quand le ciel aura achevé la mesure,
Le rond de tous ses ronds, la parfaite figure,
Lorsque son encyclie aura parfait son cours
Et ses membres unis pour la fin de ses tours,
Rien ne s'engendrera : le temps, qui tout consomme,
En l'homme amènera ce qui fut fait pour l'homme ;
Lors la matière aura son repos, son plaisir,
La fin du mouvement et la fin du désir.
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