J'ai vu les ombres noires se mouvoir dans les bois. Et j'ai la conviction que ces formes que j'ai ressuscité par la lecture de cet ouvrage me rattraperont moi aussi
Avant de m'écouter une nouvelle fois sache que tout ça n'est pas bien mieux
C'est toujours les pensées d'un type qui finira pas bien vieux
Qui signera pas plein de contrats et autographes
Qui enchaîne les fautes au taff, les potos savent que je casse des côtes au mic
Les automates de l'industrie ont mis des carottes au rap
Pourtant je suis meilleur qu'eux
La vie est injuste
Prie pour que jamais ne viennent mon heure de gloire
Ou les directeurs de leurs labels deviennent meneur de foire
On meurt de soif et ma bouteille s'appelle tumeur du foie
Des fois je suis muet comme une carpe, des fois je suis d'une humeur de squale
Fumeur de taille j'ai pas toujours les pieds sur terre
Je patauge où les blessures peinent à se cacher derrière d'épais survets
Ils disent que ma sic est surfaite, ok super
Ils veulent que je les surprennent
P'tet que je me mette à chialer sur scène ?
Ou même affaler sur une chienne, à zapper sur les chaînes
Sans capter qu'ils nous tiennent par la peau des couilles à grappiller ce qu'il nous cèdent
Pfff, les potos me disent d'assurer un gros feat
Je suis dans le brouillard chaque fois que Dieu s'allume un gros spliff
Et je suis fautif si ma situation sociale est basse
Et je côtoies le bonheur parce que j'ai deux trois socs à l'étage
Face à mes pages je suis autre chose qu'une salle épave
Et ça les gave qu'un petit branleur écrive mieux qu'un sale énarque
Et ma démarche est pas vraiment pacifique
Je suis comme au ralenti dans un monde où tout va si vite
Les assédics m'auront permis de souffler un peu
Je connais pas mon futur patron que je veux déjà le couper en deux
Et j'ai pas assez de fric pour mener la vie de rêve
Ouais pas assez de fric pour enfin quitter cette putain de ville de merde
Entre prises de têtes et crises de nerfs
J'écris ce texte, aigri de n'être
Qu'un triste mec, épris des lettres
Qui se répète et se répète et se répète et se répète encore
Et je serais peut-être en tort d’espérer être plus qu'un MC de plus
Des rimes grattées sous l'abri bus
Je voulais que le rap me suce
Quinze ans après il a à peine tâter mon prépuce
On trébuche à deux pas du bonheur car le poids de l'horreur
Est à nos erreurs ce que la peur est à l'amour
Et Alan Moore a mis du sang sur mes smileys
On peut se marrer
Ou se tailler les veines mais y a du sang sur mes cahiers
Et ça y est les zens sont repoudrés, les lumières s'éteignent
Le show peut commencer et dévoiler ce qu'on redoutait
C'est toujours moi et mon petit nombril
Le blues de ma déprime
Des signes, des immondices et ils m'ont dit que c'était cool
Et c'est des coups que je distribue à travers cette récidive
Et s'ils disent que le disque tue c'est aussi ce que mes récits disent
Rest in peace, je suis déjà mort, je fais que des apparitions
Et la pendule transforme les notes en pendus sur ma partition
Ma partie sombre a pris de l'ampleur sur ce que je suis
Au fond j'ai peur de courir juste derrière ce que je f...*DRING*
-Putain, merde , c'est quoi ce numéro à la con là 06 66
Allo ? ... Allo ?
Nan, nan j'entends rien mec je sais pas si tu m'entends, je sais pas qui t'es mais j'entends que dalle
Bon beh, vas-y hein rappelle plus tard
Putain de téléphone à la con
-Bonsoir
-Bonsoir
Y a quelqu'un ?
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