Donne-moi tes baisers amers comme des larmes,
Le soir, quand les oiseaux s’attardent dans leurs vols.
Nos longs accouplements sans amour ont les charmes
Des rapines, l’attrait farouche des viols.
Repousse, délivrant ta haine contenue,
Le frisson de ma bouche éprise de ta chair.
Pour crier ton dégoût, dresse-toi, froide et nue,
Comme un marbre funèbre aux lueurs d’un éclair.
Tes yeux ont la splendeur auguste de l’orage…
Exhale ton mépris jusqu’en ta pâmoison,
O très chère ! — Ouvre-moi tes lèvres avec rage :
J’en boirai lentement le fiel et le poison.
J’ai l’émoi du pilleur devant un butin rare,
Pendant la nuit de fièvre où ton regard pâlit…
L’âme des conquérants, éclatante et barbare,
Chante dans mon triomphe au sortir de ton lit
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