La nuit est façonnée avec un art subtil
Ainsi qu’un merveilleux palais de Boabdil.
La fontaine redit ses rythmes monotones
Et les ifs argentés sont de blanches colonnes.
Dans le jardin, roi morne et conquérant lassé.
Se recueille et s’attarde et veille le passé.
Le ciel, où la lumière est éclatante et noire,
Est un plafond de cèdre et de nacre et d’ivoire.
Par cette nuit d’amour, mon désir est moins près
Des jets d’eau radieux et purs que des cyprès.
Pourtant j’aime l’élan des rossignols, et j’aime
Ces fontaines qui sont plus belles qu’un poème.
Viens dans ces murs, où ton caprice me céda,
Ma maîtresse de tous les temps, Zoraïda !
Faisons revivre, au fond de ces tièdes allées,
Les languides ghuzlas et les femmes voilées.
Et rêvons un amour insensé, frémissant
De victoire fatale et de fièvre et de sang.
Ma maîtresse ! tandis que l’instant se prolonge,
Errons, les doigts unis, dans l’Alhambra du songe.
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