Les heures ont éteint le feu de mes vertèbres,
Et leur morne lourdeur a pesé sur mon front…
Voici que les lointains trop clairs s’attendriront
Et la nuit m’ouvrira son jardin de ténèbres.
Solitaire, tandis que le temps coule et fuit,
Je cueillerai les fleurs du regret et du songe.
Reconnaissante au doux charme qui se prolonge,
J’offrirai le parfum de mon âme à la nuit.
Les poèmes ont des lignes trop régulières,
Les musiques, un son trop clair, trop cristallin…
Je frapperai bientôt aux portes du jardin
Qui s’ouvriront pour moi, larges et familières.
Car la nuit m’aime : elle a compris que je l’aimais…
Et, sachant que je suis résignée et lointaine,
Elle m’apporte, ainsi qu’en un coffret d’ébène,
La tristesse des autrefois et des jamais…
La nuit me livrera ses lys noirs et ses roses
Noires et ses violettes aux bleus obscurs,
Et je m’attarderai dans l’angle de ses murs
Tels que ceux des cités royalement encloses…
Peu m’importe aujourd’hui le caprice du sort…
La nuit s’ouvre pour moi comme un jardin de reine
Où je promènerai ma volupté sereine
Et mon indifférence à l’égard de la mort.
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