L’aube a des pas furtifs de louve
Et des yeux de chacal…
De mes mains j’ai creusé la douve ;
J’ai bâti, sans vassal,
La tour aux murs noirs qui t’encloître.
Ton épouvante voit s’accroître,
Pareil à l’enflure d’un goitre,
Mon amour féodal.
Que m’importe ton regard triste,
Moiré, tel un pigeon ?
Qu’importe à mon trouble égoïste
Le rosier sans bourgeon ?
Je suis aussi lâche qu’un homme
Et je t’ordonne et je te somme
De languir en mes baisers comme
En un étroit donjon.
Et je maintiendrai sur ton sexe
Mon droit de suzerain :
Tu briseras ton front complexe
Contre mon front d’airain.
Lasse de voir tomber la brume
D’un ciel malade d’amertume,
Dans l’ombre où l’espoir se consume,
Tu périras de faim.
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