Le feuillage s’écarte en des plis de rideaux
Devant la Vénus des Aveugles, noire
Sous la majesté de ses noirs bandeaux.
Le temple a des murs d’ébène et d’ivoire
Et le sanctuaire est la nuit des nuits.
Il n’est plus d’odeurs, il n’est plus de bruits
Autour de cet autel dans la nuit la plus noire.
Nul n’ose imaginer le visage inconnu.
La Déesse règne en l’ombre éternelle
Où les murs sont nu, où l’autel est nu,
Où rien de vivant ne s’approche d’Elle.
Dans un temple vaste autant que les cieux
La Déesse Noire, interdite aux yeux,
Se retire et se plaît dans la nuit éternelle.
Les Aveugles se sont traînés à ses genoux
Pourtant, et, levant leur paupière rouge,
Semblent adorer un dieu sans courroux,
Et nul ne gémit et nulle ne bouge,
Mais, dans cette extase où meurt le désir,
Où la main se tend et n’ose saisir,
Une larme a coulé sous la paupière rouge.
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