Il y flotte toujours un glacial vent d’hiver
Où croupit la pisse des bergers sans muselière
Quelques crevasses ressortent dans la lumière
Ses frontières s’étendent comme l’injustice d’un cancer
Il y pousse des tulipes mellifères
Et de jolies jolies roses trémières
Les ronces sont ornées de couronnes dentaires
Dans le jardin d’Hitler
C’est le royaume des vers de terre
Des larmes d’enfants et de leur mère
Une pépinière de pus calcaire
Dans le jardin d’Hitler
Plutôt paisible je l’confère
Arrosé d’une haine urinaire
Les étoiles elles sont sous la terre
Dans le jardin d’Hitler
Du chiendent à l’odeur de chaire
Ondule dans des orifices oculaires
Putréfiés sous une lune aurifère
Dans le jardin d’Hitler
Même les insectes préfèrent s’épanouir en lisière
Evitant les fleurs de l’aride litière
Bien derrière le lit de la petite rivière
Là où sont emprisonnées tant de prières
Certes d’un style un peu militaire
Les bourgeons y croisent quelques maxillaires
Le pollen sent le gaz et l’éther
Dans le jardin d’Hitler
Des cris remontent comme des lianes de lierre
Chuchotés pour passer les millénaires
Acides comme du liquide biliaire
Dans le jardin d’Hitler
Quelle connerie de retourner poussière
Le pire c’est que dans l’ombre d’hier
Des senteurs me semblent aujourd’hui aujourd’hui si familières
Peut-être que l’Aryen n’est pas qu’en arrière
Et que le putain d’temps n’a pas tout recouvert
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