Final 1er acte À Paris nous arrivons en masse
Jacques Offenbach
paroles Jacques Offenbach Final 1er acte  À Paris nous arrivons en masse

Jacques Offenbach - Final 1er acte À Paris nous arrivons en masse Lyrics

ENSEMBLE.
A Paris nous arrivons en masse,
A Paris nous nous précipitons !
A Paris, il faut nous faire place !
A Paris nous nous ruinerons.
Entre le Brésilien, suivi de deux petits nègres portant des sacs et des valises.

LE BRÉSILIEN.
Je suis Brésilien, j’ai de l’or,
Et j’arrive de Rio-Janeire
Plus riche aujourd’hui que naguère,
Paris, je te reviens encor !
Deux fois je suis venu déjà,
J’avais de l’or dans ma valise,
Des diamants à ma chemise,
Combien a duré tout cela ?
Le temps d’avoir deux cents amis
Et d’aimer quatre ou cinq maîtresses,
Six mois de galantes ivresses,
Et plus rien ! ô Paris ! Paris !
En six mois tu m’as tout raflé,
Et puis, vers ma jeune Amérique,
Tu m’as, pauvre et mélancolique,
Délicatement remballé !
Mais je brûlais de revenir,
Et là-bas, sous mon ciel sauvage,
Je me répétais avec rage :
Une autre fortune ou mourir !
Je ne suis pas mort, j’ai gagné
Tant bien que mal, des sommes folles,
Et je viens pour que tu me voles
Tout ce que là-bas j’ai volé !
Ce que je veux de toi, Paris,
Ce que je veux, ce sont tes femmes,
Ni bourgeoises, ni grandes dames,
Mais les autres… l’on m’a compris !
Celles que l’on voit étalant,
Sur le velours de l’avant-scène,
Avec des allures de reine,
Un gros bouquet de lilas blanc ;
Celles dont l’œil froid et calin
En un instant jauge une salle,
Et va cherchant de stalle en stalle
Un successeur à ce gandin,
Qui plein de chic, mais indigent,
Au fond de la loge se cache,
Et dit, en mordant sa moustache
Où diable trouver de l’argent ?
De l’argent ! Moi j’en ai ! Venez !
Nous le mangerons, mes poulettes,
Puis après, je ferai des dettes.
Tendez vos deux mains et prenez !
Hurrah ! je viens de débarquer,
Mettez vos faux cheveux, cocottes !
J’apporte à vos blanches quenottes
Toute une fortune à croquer !
Le pigeon vient ! plumez, plumez…
Prenez mes dollars, mes bank-notes,
Ma montre, mon chapeau, mes bottes,
Mais dites-moi que vous m’aimez !
J’agirai magnifiquement,
Mais vous connaissez ma nature,
Et j’en prendrai, je vous le jure
Oui, j’en prendrai pour mon argent.
Je suis Brésilien, j’ai de l’or,
Et j’arrive de Rio-Janeire
Vingt fois plus riche que naguère,
Paris, je te reviens encor !

ENSEMBLE.
A Paris nous arrivons en masse,
A Paris nous nous précipitons !
A Paris, il faut nous faire place !
A Paris nous nous ruinerons.
Rentrent le baron, la baronne et Gardefeu.

LE BRÉSILIEN, LE BARON, LA BARONNE, GARDEFEU.
Entrons, entrons dans la fournaise,
Entrons, voici le grand moment.
Pour les gens qui sont à leur aise,
Paris est un endroit charmant !

QUATRE EMPLOYÉS DE L’OCTROI.
Parlé. N’avez vous rien à déclarer ?

TOUS.
Non, rien…

CHŒUR GÉNÉRAL.
Nous venons,
Arrivons,
De tous les pays du monde,
Par la terre ou bien par l’onde.
Italiens,
Brésiliens,
Japonais,
Hollandais,
Espagnols,
Romagnols,
Égyptiens,
Et Prussiens.
Nous venons,
Arrivons !
De tous les pays du monde,
Par la terre ou bien par l’onde,
Nous venons,
Arrivons !
La vapeur nous amène,
Nous allons envahir
La cité souveraine,
Le séjour du plaisir.
On accourt, on s’empresse,
Pour connaître, ô Paris,
Pour connaître l’ivresse
De tes jours, de tes nuits.
Tous les étrangers ravis
Vers toi s’élancent Paris !
Nous allons chanter,
Nous allons crier,
Nous allons souper,
Nous allons aimer,
Oh ! mon Dieu, nous allons tous
Nous amuser comme des fous.
La vapeur nous amène,
Etc., etc.
Tous les étrangers ravis,
Vers toi s’élancent Paris,
Paris ! Paris !


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