Adieu, beaux jours de mon enfance,
Qu’un instant fit évanouir,
Bonheur, qui fuis sans qu’on y pense,
Qu’on sent trop peu pour en jouir ;
Plaisirs que mon âme inquiète
Dédaignait sans savoir pourquoi,
Vous n’êtes plus, et je regrette
De vous voir déjà loin de moi !
Reviens, bel âge que je pleure,
Ou de moins renais dans mes chants ;
Je veux de songes séduisants
Me bercer avant que je meure,
Et quand viendra ma dernière heure,
Rêver encore mes premiers ans.
Ô Temps ! qu’as-tu fait de cet âge ?
Ou plutôt qu’as-tu fait de moi !
Je me cherche, hélas ! et ne vois
Qu’un fou, qui gémit d’être sage.
Je soupire et je dis toujours :
Le bonheur passe avec l’enfance ;
Tel le cherche dans les amours,
Qui le perd avec l’innocence.
Aujourd’hui, si l’orage gronde,
Près de toi, je veux dans ce monde
Rire encore des sots et des fous ;
De cet Océan en courroux
Bravons les vagues fugitives ;
Tu rendis mes plaisirs plus doux :
Tu rendras mes peines moins vives.
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