Maintenant que je t'ai
qu'on est comme deux moitiés
le monde entier
est moins dur à porter
mon coeur moins douloureux
je suis heureux
mon corps courbé par la douleur
mon visage effleure les fleurs
que j'avais sous mon nez
et que mes yeux cernés
ne voyaient plus
à force d'avoir vécut
comme des reclus
sous mes sourcils froncés
sous le poids de mon front plissé à tout jamais
mes yeux que j'avais enfermés
mes yeux figés sous mes paupières
comme sculptés dans de la pierre.
Moi, Atlas, le titan, je les ai délivrés.
Le géant que le dieu du temps à sa colère a livré.
Moi le fils de Japhet, j'ai découvert la paix,
mon mal a disparu quand tu m'est apparue
et les voutes du ciel dans un vent démentiel
m'ont fait un manteau de rêve,
manteau de vent qui m'enlève
à ce monde de malheurs,
cet oiseau de proie qui me bouffe le coeur.
J'ai passé les cours d'eau
et m'en sort en est jeté
j'en avais plein le dos
de ce monde à supporter.
Moi le fils de Japhet
j'ai les mains occupées
occupées
à t'aimer
à jamais
désormais.
Et les voutes du ciel
dans un vent démentiel
ont vu basculer leurs pôles
en glissant sous mes épaules.
Et je n'irait plus vouté.
Le nom d'Atlas était trop lourd à porter.
Comme Jacob sur mon dos,
j'ai porté ma maison la Terre.
Pour toi j'ai lâché mon fardeau
et j'ai pris le vol pour Cithère.
Maintenant que je t'ai
ma vie me semble plus claire
plus de Terre à porter
je n'ai plus de colère.
Maintenant que je t'ai
ma vie me semble légère
plus de Terre à porter
la Terre n'est plus ma Terre.
J'ai trop ployé sous son poids
je laisse tout tomber pour toi.
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