O mon coeur ! ce sera dans l’Août bleu et torride.
Lasse, vous poserez sur le coffret de buis
vos ciseaux où s’accrochera de la lumière.
Vous laisserez aller votre taille en arrière.
Vous fermerez vos cils sur vos yeux de lavande
dont l’Eté semblera parfumer votre chambre.
Il sera je ne sais quelle heure après-midi :
l’heure où la guêpe en feu va boire dans le puits.
J’arriverai, par le grand soleil ébloui.
Je vous verrai ainsi, ô ruche pleine d’aube,
moulée par le sommeil dans votre chaste robe.
Et je m’approcherai tout doucement de vous,
et, sans vous déranger, mettrai sur vos genoux
des fraises et du pain et du sucre d’abeille.
Bientôt, vous éveillant de ce demi-sommeil,
vos lèvres écloront sur ces fruits et ce miel
comme une rose tendre et toute caressée,
ou comme un abricot plein d’encens qui s’entrouvre.
O ménagère amie, framboise des forêts,
chaperon rouge errant qui se nourrit de baies,
ô vous qui par moments à mes yeux évoquez
la gravure où Perrette a renversé son lait :
vous ne me direz pas combien vous accablait
cette sieste où l’Eté fait peser son délire.
Vous vous relèverez. Vous me regarderez.
Et, pleine d’un sanglot, alors vous sentirez
sourire dans mon coeur votre propre sourire.
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