Je sais que tu es pauvre :
tes robes sont modestes.
Mine douce, il me reste
ma douleur : je te l’offre.
Mais tu es plus jolie
que les autres, ta bouche
sent bon - quand tu me touches
la main, j’ai la folie.
Tu es pauvre, et à cause
de cela tu es bonne ;
tu veux que je te donne
des baisers et des roses.
Car tu es jeune fille :
les livres t’ont fait croire
et les belles histoires,
qu’il fallait des charmilles,
des roses et des mûres,
et les fleurs des prairies ;
que dans la poésie
on parlait de ramures.
Je sais que tu es pauvre :
tes robes sont modestes.
Mine douce, il me reste
ma douleur : je te l’offre.
1888.
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