Quand le soleil s'éteint
Sur le dépôt des trains
Ici s'allume
Le petit peuple du bitume
Quand la nuit se conforme
À nos regards infirmes
Une foule énorme
Grouille puis se confine
La lune s'anime
Sur la pendule des trains
Quand la nuit s'envenime
S'ébranle alors la procession
Et ça marche et ça crève
Et ils sont des millions
Qui se touchent et se hument
Le petit peuple du bitume
Leur vie est comme la nôtre
C'est une question d'étage
Ils rêvent, ils s'aiment, ils s'assassinent
Alors leur haleine fume
Et ça devient la brume
Qui devient les nuages
Et il hurle à la lune
Le petit peuple du bitume
Il danse au pied
Des grandes grues titanes
En formes de femmes posthumes
Mais tu ne l'entends pas
Tu ne le vois pas
Ils sont des millions
Qui se touchent et se hument
Le petit peuple du bitume
Ça sert à rien cette vie de chien
Qui te console et me consume
Ça rime à quoi
Cette vie de rat qu'on a là
Je dis ça, je dis ça
Mais ne me laisse pas
Au petit peuple du bitume
De gros enfants digèrent
Dans les bras de leurs mères
Son haleine fume
Le petit peuple du bitume
Une foule énorme
Fourmille puis se restreint
Puis se confine jusqu'à n'être plus rien
Quand partira le premier train
Et pourquoi toi, tu ne les vois pas
Ils sont des millions qui se touchent et se hument
Tous ceux qui peuplent mon enclume
Ça sert à rien cette vie de chien
Qui te console et me consume
Ça sert à quoi
Cette vie de rat qu'on a là
Je dis ça, je dis ça
Mais serre-moi fort, ne me laisse pas
Quand les chats me font les yeux d'or à cette heure
Qui te console et me consume
Ça sert à quoi
Cette vie de rat qu'on a là
Mais ne me laisse pas
Au petit peuple du bitume
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