Penser à ce qui pouvait être
Et qui pourtant n'a pas été
C'est regarder à la fenêtre
La pluie sans fin d'un jour d'été
C'est se revoir, en court-métrage
Dans un ciné de son passé
Manquer de cœur ou de courage
Sans rien pouvoir recommencer
C'est s'absoudre avec un sourire
Tout en sachant bien que l'on sait
Les simples mots qu'il fallait dire
Mais que l'on n'a pas prononcés
Penser à ce qui pouvait être
Et qui pourtant n'a pas été
C'est ne presque plus reconnaître
Tous ces refrains qu'on a chantés
Dans la musique et dans les rimes
Le vitriol s'est éventé
Ça fait guignol, ça sent la frime
Malgré tant de sincérité
Dans ces strophes des plus naïves
Je vais cherchant ma vérité
Où sont passées mes forces vives ?
Où est mon chant de liberté ?
Penser à ce qui pouvait être
Et qui pourtant n'a pas été
C'est se soumettre et se démettre
Sous des airs de sérénité
C'est se dire "J'ai passé l'âge"
Et de partir et d'arriver
Dans des pays, sur des rivages
Dont si longtemps j'avais rêvé
C'est dénoncer le chant des îles
Qui n'ont plus rien à révéler
Et demeurer chez soi, tranquille
Les yeux vagues sur la télé
Penser à ce qui pouvait être
Et qui pourtant n'a pas été
Lorsque l'on n'a ni Dieu, ni maître
C'est refuser l'humilité !
Et c'est forger dans le vacarme
La contrainte et l'absurdité
D'autres chansons, comme des armes
Et redire à n'en pas douter
"D'autres suivent et vont connaître
La vie dont on nous a privé
Puisqu'un jour, ce qui pouvait être
Finira bien par arriver !"
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