Biyouna :
Elle s'est perdue dans mes contrées.
Une visite m'est offerte.
Par mes fenêtres, elle est entrée.
Porte du désert entrouverte.
Malia :
Excusez-moi de déranger.
Je suis venue boire le thé.
Du café blanc. Fleur d'oranger.
Peut-être me suis-je invitée ...
Je ne sais rien des oliviers,
ni des souks, ni des narghilés,
tapis volants et citronniers ...
Comme vous, je suis exilée.
Biyouna :
Nous avons tout autant que vous
le sens de l'hospitalité.
Pour une dame comme vous,
il me reste toujours du thé.
Nous avons chevaux et moutons,
le même ciel, la même mer,
la menthe ou les fleurs en boutons,
de l'aigre-doux au doux-amer.
Biyouna et Malia :
Bismillah.
Bismillah.
Malia :
Moi qui suis prête à sacrifier
mon précieux nuage de lait,
j'ai bu, j'aurais dû me méfier,
la langue je me suis brûlée.
Brûlé les yeux à vos couleurs,
soleil, thé vert et sucre roux,
je souffre un peu de la chaleur
de Louqsor à Tizi-Ouzou.
Biyouna :
Servi de haut pour l'aérer,
mon thé peut vous désaltérer.
Il vaut mieux, quitte à se brûler,
le boire avant d'être enterré.
Je ne sais rien de vos comtés
ni de vos rêves écroulés.
Vous devez tout me raconter.
Vous êtes ici. Dieu soit loué.
Malia :
Les miens, quand ils boivent la tasse,
gardent le petit doigt levé.
Biyouna :
Chez nous, quand l\'orage menace,
on reste debout pour prier.
Biyouna et Malia :
Bismillah.
Bismillah.
Malia :
Je resterais là volontiers
pour plus de mille et une nuits.
J'ai parcouru le monde entier
juste pour tromper mon ennui.
Et si j'ai cherché quelqu'un d'autre,
ici c'est vous que j'ai trouvée.
Mes enfants ont l'âge des vôtres.
Le coeur n'a plus rien à prouver.
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