Je dormirai sur un tendre tapis de mousse
Dans la tiédeur de la forêt de Lusignan
Bordée d’oiseaux dansant au zéphyr lancinant
Soufflant un chant lointain comme un frisson de brousse
Je roupillais vaincue par trois litres de rouge
Vautrée au caniveau un matin de mépris
La migraine frappait à mes tempes meurtries
Comme un marteau-piqueur à la porte d’un bouge
Un chevalier viendra d’un palais de Bohême
Pâle comme un héros du cinéma muet
Apposer sur ma bouche un baiser désuet
En chuchotant les mots d’un antique poème
Il trébucha sur moi en sortant des toilettes
La trogne reniflant la bière et le vomi
Éructant en rotant de sa voix de momie
Quelqu’un aurait-il vu passer ma mobylette
Puis il m’emportera vers de douces provinces
Aux chemins balisés par mille vers luisants
Dans ses bras au galop sur son fier alezan
Moi je me pâmerai blottie contre mon prince
Il m’a dit mets ton cul sur ce porte-bagages
Si t’as rien contre un plan football-pizza -télé
Après la fin du match tu pourras me violer
Et faire un p’tit plaisir aux copains de passage
Tous les gens du pays m’appelleront Princesse
Poseront un genou à terre en me voyant
Dans ma tunique d’or aux diamants scintillants
Et je serai comblée d’amour et de richesse
Dans la rue du vieux port y a des cœurs en détresse
Des pervers des ados des flics des dépravés
En faux cuir léopard j’arpente le pavé
Les clients familiers me surnomment Princesse
Dans la rue du vieux port y a des cœurs en détresse
Des pervers des ados des flics des dépravés
En faux cuir léopard j’arpente le pavé
Les clients familiers me surnomment Princesse
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