Pourquoi, belle Chrysé, t’abandonnant aux voiles,
T’éloigner de nos bords sur la foi des étoiles ?
Dieux ! je t’ai vue en songe ; et, de terreur glacé,
J’ai vu sur des écueils ton vaisseau fracassé,
Ton corps flottant sur l’onde, et tes bras avec peine
Cherchant à repousser la vague ionienne.
Les filles de Nérée ont volé près de toi.
Leur sein fut moins troublé de douleur et d’effroi,
Quand, du bélier doré qui traversait leurs ondes,
La jeune Hellé tomba dans leurs grottes profondes.
Oh ! que j’ai craint de voir à cette mer, un jour,
Tiphys donner ton nom et plaindre mon amour !
Que j’adressai de voeux aux dieux de l’onde amère !
Que de voeux à Neptune, à Castor, à son frère !
Glaucus ne te vit point ; car sans doute avec lui
Déesse au sein des mers tu vivrais aujourd’hui.
Déjà tu n’élevais que des mains défaillantes ;
Tu me nommais déjà de tes lèvres mourantes,
Quand, pour te secourir, j’ai vu fendre les flots
Au dauphin qui sauva le chanteur de Lesbos.
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