Il venait d’on ne savait quel pays chaud
Il s’est installé au large du hameau
Il n’avait personne que son chien
L’étranger du vieux moulin
Il vivait d’on ne savait quel drôle argent
D’une drôle de tache qu’ignoraient les gens
Il semblait ne faire jamais rien
L’étranger du vieux moulin
La foule est comme un oiseau de proie
Monstre à langue de serpent
De sinistres bruits couraient déjà
Lentement mais seulement
La récolte, à moitié pourrie par la grêle
Et le retour si tardif, des hirondelles
Est-ce qu’il n’était pas vaguement magicien
L’étranger du vieux moulin ?
Et ce cheval crevé trouvé près de l’avoir
Et la fugue de Louisette va savoir
S’il n’avait pas quelques tâches sur les mains
L’étranger du vieux moulin
Les bruits montaient
Les bruits mentaient
Il passait de temps en temps frôlant les murs
Nageant dans son rêve parmi les murmures
Il ne parlait jamais qu’à son chien
L’étranger du vieux moulin
Ni amour, ni aventures dans sa vie
J’en connais pourtant qui lui auraient dit oui
Quand on est normal comment peut-on se passer ?
Enfin passons !
La rumeur s’est faîte grondement
Et le grondement, clameur
La clameur devint rugissement
Mais l’étranger n’avait pas peur
Des légendes du passé ressuscitaient
Des histoires de magie noire et de banquets
Bacchanales ou des furies menaient le bal
Faisaient le mal pour le mal
Avant lui c’était la paix, tout allait bien
Alors la foule est montée au vieux moulin
Et par lâcheté plus que par cruauté
C’est le chien qu’elle a tué !
Puis elle s’est tue
La voix qui tue
Il n’a même pas pleuré
Il n’a rien dit
Il est allé décrocher son vieux fusil
Il n’a pas voulu quitter son chien
L’étranger du vieux moulin
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