Oui c’est un précepteur qu’il faut à la jeunesse
Un noble vieillard, un renard qui débagoule
Et dévide le jars et ses trésors de sagesse
Loin des hordes de fanatiques en cagoules
Si sur mon babillard, je couche cette bavette
C’est qu’à bien des égards, elle édifie les gonzes
Qui à peine sortis du tréfond de leurs layettes
Veulent à leur effigie un bas-relief en bronze
Tu verras mon enfant, le monde est plein de fleur-fesses
Peuplé de macrotins, de branques et de glands
Qui sont parfois violents et soulagent leur détresse
En se regroupant dans de fâcheux mouvements
Et commence l’histoire de Riri l’arpète
Qu’était comme qui dirait puceau du premier de l’an
Un bleu, un moutard, un caneton sur la berge
Vous l’aurez compris, en bref un débutant
Un arpète en argot, c’est un apprenti
Et l’arpète en question déroulait son canif
Le long d’un fleuve hagard où patrouillait l’arnif
Et séchaient des aztèques comme de vieux croupions
N’avait pas une broquille à offrir aux regards
Pas la moindre dentelle pour fleurir l’avant-scène
De ces dégringoleuses au parfum trop criard
Ou de ces dégrafées élégantes et hautaines
N’avait dans sa boussole qu’une seule et même idée
Se soulager la daufe qui depuis la Saint-Jean
Réclamait son tribut de frivole tendresse
Comme cela arrive à la plupart des gens
Comme il n’y avait pas
L’ombre d’une donzelle
Le bout d’un wagon-lit qu’il pourrait prendre en marche
Se dirigea tout droit vers la grande caserne
Qui t’habille en kaki et va te mettre au pas
Mais dans cet univers, si tu n’obéis pas
Ce que notre orphelin se refusait à faire
C’est au fond du cachot qu’on te met la misère
Avec la paille aux fesses et le cœur sous le bras
À la fin de l’armée ne sachant pas quoi faire
De son corps fatigué qui n’avait même pas
Encore connu les joies de l’amour
Et de la guerre
À la lourde du presbytère, il cogna
Il voulut se faire moine et tondit sa bobine
Se disant qu’après tout à plus de trente-six ans
N’ayant jamais connu la moindre aventure coquine
Il était aussi pur qu’un tout petit enfant
Mais dans cet univers
Il faut faire sa prière et demander à Dieu le pardon des vivants
Ce que notre orphelin se refusait à faire
On l’excommunia sans grand ménagement
Abusé par les sectes de givrés permanents
Sur les réseaux sociaux, les légions délétères
De fascistes mort-nés qui parlaient du bon vieux temps
Postant des croix gammées et des photos d’Hitler
N’ayant plus de ressources
Il se fit monte en l’air
Rançonnant mobilier de la bourgeoisie ronflante
Et quittant le parvis d’une villa clinquante
Il enleva la femme d’un réactionnaire
Elle s’ennuyait sévère
Depuis la nuit des temps
Entre un mari absent et ses amies de théière
Et tomba sous le charme de notre débutant
C’est elle qui ma foi le fit monter en l’air
S’il est une morale
À l’affaire mon enfant
Pour pas rater ta vie, évite les monastères
Les cliques de tarés, et les régiments
Va-t’en plutôt chercher l’amour en solitaire
Va-t’en plutôt chercher l’amour en solitaire
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