Connaissez-vous l’histoire de mamie les ch’veux mauves
Et de son pote Oscar, un peu sourd et tout chauve ?
Elle puait la violette, il sentait le tabac
Forcément c’était chouette et comme il fallait pas
Des crétins décrétèrent qu’après le troisième âge
On a la grippe aviaire, la peste ou bien la rage
Et que c’est un scandale de tomber amoureux
Quand on a au total 150 ans à deux
Mais rien ne manque et tout est là
Tes clefs, ton sac et puis ton chat
Pourtant…
Non… Non…
Non, il manque le temps de la corde à sauter
Puis le bruit de la craie sur le tableau mouillé,
Le respect,
L’école communale, les hommes à la belotte,
La gueule du maréchal et puis le bruit des bottes
Et l’odeur des vacances, on joue à la marelle ?
La robe du dimanche, une orange à noël…
Oh oui Mamie, la vie est belle
Alors t’achète un bouquet d’roses
Quand tes gamins viennent t’écouter
Mais t’aim’rais bien donner aut’chose
Que des nouvelles de ta santé
Mais rien ne manque, tout est là
Tes clefs, ton sac et puis ton chat
Pourtant…
Oh dis Mamie, c’était comment… ?
Le cochon qu’on égorge et la messe en latin ?
Ton premier soutien gorge et puis l’odeur du foin ?
C’était pas la misère, c’était juste l’urgence
Un peu beaucoup la guerre et surtout ton enfance
A l’heure où l’avenir était sous le soleil
Et déjà ton sourire, une petite merveille…
Oh non ! C’est pas demain la vieille
Qu’les enfoirés qui t’aiment tant
Vont te ranger de ton vivant
Au fond d’une maison d’retraite
Pour y vieillir la bouche ouverte
Et rien ne manque et tout est là
Tes clefs, ton sac et puis ton chat
Pourtant…
Non… Non…
Non, il manque le temps de ton premier amour
Et ce goût de printemps qu’avait le petit jour,
A présent,
Quand t’y penses aujourd’hui, tu faisais pas la fière
Dans les bras d’un grand lit trop baigné de lumière
Et touchée en plein cœur d’un coup de bal musette
T’as trouvé le bonheur et t’as perdu la tête…
Mais rien ne manque et tout est là
Tes clefs, ton sac et puis ton chat
Pourtant…
Oh dis Mamie, c’était comment… ?
Le goût des cafés crème et le parfum des rues ?
Les chansons, les poèmes, ce type qui t’a plu
Quand il faisait le monde et beaucoup trop de phrases
Quand tu faisais ta blonde au fond des boîtes à jazz
Au temps des cigarettes qu’on fumait pas dehors
Et que tous les copains n’étaient pas déjà morts…
Oh oui, mamie veut croire encore
Au père noël, au prix du pain
A l’orthographe et aux fleuristes
Aux belles amours qui finissent bien
Et même au parti communiste
Et rien ne manque et tout est là
Tes clefs, ton sac et puis ton chat
Pourtant…
Non… Non…
Non, il manque le temps de vivre encore un peu
Et de foutre le camp, puis de faire des envieux,
Vous les vieux
Des crétins décrétèrent qu’après le troisième âge
On éteint la lumière, allez pars en voyage
Allez vite il est tard, il faut pas réfléchir
T’as plus trop de mémoire et tant de souvenirs…
Oh oui mamie, tu peux partir
Autour du monde et dans les bras
D’un galopin aux cheveux blancs
Manger la vie avec les doigts
Et boire cul-sec un océan !
Car rien ne manque de là-bas
Tes clefs, ton sac et puis ton chat ?
Rien ne manque de là-bas
Tes clefs, ton sac et puis ton chat ?
Tu les r’verras va !
C’est juste un petit peu de sûr’ment pas grand-chose…
Connaissez-vous l’histoire de Mamie les ch’veux mauves ?
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