Empreinte
Victor Segalen

Poème Empreinte

Choun, Empereur, donnant investiture aux cinq classes de princes, leur confiait des tablettes de jade,

De contours stricts et d'ornements divers : deux colonnes, un homme au corps droit, un homme courbé, des épis, des joncs.

Mais il en gardait les empreintes. Parfois juxtaposant l'une à l'autre et pressant de sa main, il vérifiait l'authentique investiture.

o

Celui que j'ai fait Noble de mon amitié, Prince du sang de mon coeur fraternel et Censeur à mon secret empire,

Celui-là, n'a-t-il pas reçu le jade : deux hommes penchés pour emblème ? Il revient. J'ai gardé l'empreinte. Affrontons la double fidélité.

o

Hélas ! oh hélas ! Les contours ne s'enferment plus ; les coins se heurtent et les creux tintent le vide : est-ce là le dépositaire choisi ? A-t-il perdu la forme de mon âme ?

Plutôt, est-ce mon âme dont la forme a gauchi ?