Pseaume troisième
Théodore Agrippa D'Aubigné

Poème Pseaume troisième

Dieu quel amas herissé de mutins, quel peuple ramassé !
Ô que de folles rumeurs, et que de vaines fureurs !
Ils ont dit : Cet homme est misérable, le pauvre ne sent prest
Rien de secours de ce lieu, rien de la force de Dieu.
Mais c’est mentir à eux : Dieu des miens contre mes haineux
Est le pavois seur et fort, contre le coup de la mort.
Par lui je hausse le front, lui qui m’entend, lui qui du S. mont
Tant eslevé, chaque fois preste l’oreille à ma voix.
Dont dormir m’en irai ; de tressauts, ni de crainte je n’aurai.
Puis resveillé ne m’assaut crainte, frayeur, ni tressaut :
J’ai de sa main seurté, de sa main n’ont sans peine presté
L’ombre du son le sommeil, l’aube du jour le resveil.
Vienne la tourbe approcher, courir, enceindre, ou se retrancher,
Quand ils m’assiegeront, mille de file et de front,
Dieu qui a veu le dedans du Malin, lui brisera les dents,
D’ire le coeur escuniant, langue, palais blasphémant
Dieu sçaura le salut de Sion bien conduire à son but,
Mesme le coeur des siens remplir et croistre de biens.
Gloire soit au Pere, et Fils et à l’Esprit, source des esprits
Tel qu’il soit et sera-t-il, aux siècles, ainsi soit-il.