D’où vient-il ce bouquet oublié sur la pierre ?
Dans l’ombre, humide encor de rosée, ou de pleurs,
Ce soir, est-il tombé des mains de la prière ?
Un enfant du village a-t-il perdu ces fleurs ?
Ce soir, fut-il laissé par quelque âme pensive
Sous la croix où s’arrête un pauvre voyageur ?
Est-ce d’un fils errant la mémoire naïve
Qui d’une pâle rose y cacha la blancheur ?
De nos mères partout nous suit l’ombre légère ;
Partout l’amitié prie et rêve à l’amitié ;
Le pèlerin souffrant sur la route étrangère
Offre à Dieu ce symbole, et croit en sa pitié !
Solitaire bouquet, ta tristesse charmante
Semble avec tes parfums exhaler un regret.
Peut-être es-tu promis au songe d’une amante :
Souvent dans une fleur l’amour a son secret !
Et moi j’ai rafraîchi les pieds de la Madone
De lilas blancs, si chers à mon destin rêveur ;
Et la Vierge sait bien pour qui je les lui donne :
Elle entend la pensée au fond de notre coeur