J'ai cru qu'on m'enfermait au couvent : c'est un rêve !
Je suis morte, il est mort aussi : je bénis Dieu !
Là-bas, sur sa tombe une ombre se lève :
Viens, mon bien-aimé, viens me dire adieu.
- J'ai cru qu'on m'enchaînait dans la tour, sur la pierre,
Seul, loin d'elle et du jour ; mais non, ce cachot noir,
C'était mon tombeau dans le cimetière.
Que Dieu soit béni, je vais la revoir !
- C'est toi ! Je savais bien qe tu m'aurais suivie,
Tu me l'avais promis. Cette félicité
Q'on nous refusait pendant notre vie,
La mort nous la rend pour l'éternité.
- Je rêvais de prison, et toi de monastère :
Un baiser ! oublions et mon rêve et le tien.
Dieu, qui sépara nos coeurs sur la terre,
Les unit au ciel : je le savais bien !
- Ecoute ! un son de cloche a retenti : c'est l'heure
Du dernier jugement pour tous les trépassés ;
Faut-il nous quitter si tôt ? - Non, demeure :
Qu'importe le ciel ? restons embrassés !