A Raoul Ponchon
Tu sens le pain, ô pâte exquise sans levain.
Salut Ponchon! Salut, trogne, crinière, ventre !
Ta bouche, dans le foin de ta barbe, est un antre
Où gloussent les chansons de la bière et du vin.
Aux roses de ton nez jamais l'hiver ne vint.
Tu bouffes comme un ogre et pintes comme un chantre.
Tous les péchés gourmands ont ton nombril pour centre.
Dans Paris, ce grand bois, tu vis tel qu'un sylvain,
Sachant tous les sentiers, mais fuyant les fontaines,
Flairant les carrefours, les ruelles lointaines,
Où les bons mastroquets versent le bleu pivois.
Et j'aime ton plastron d'habit bardé de taches,
Ton pif rond, tes petits yeux ronds, ta chaude voix,
Et l'odeur de boisson qui fume à tes moustaches.