L’Enfance n’est sinon qu’une sterile fleur,
La jeunesse qu’ardeur d’une fumiere vaine,
Virilité qu’ennuy, que labeur, et que peine,
Vieillesse que chagrin, repentance, et douleur ;
Nos jeux que déplaisirs, nos bon-heurs que mal-heur,
Nos thrésors et nos biens que tourment et que geine,
Nos libertez que laqs, que prisons, et que chaine
Notre aise, que mal-aise et nostre ris que pleur :
Passer d’un àge à l’autre est s’en aller au change
D’un bien plus petit mal en un mal plus estrange
Qui nous pousse en un lieu d’où personne ne sort.
Nostre vie est semblable à la mer vagabonde,
Où le flot suit le flot, et l’onde pousse l’onde,
Surgissant à la fin au havre de la mort.