En ce joyeux temps de nouvelle année
L’usage prescrit de faire un cadeau.
L’un donne une fleur bien vite fanée,
L’autre un souvenir oublié bientôt.
Moi si de mon coeur suivais la prière,
Perles à vos pieds viendrais apporter,
Mais la bourse, hélas! est la conseillère
Qu’avant notre coeur il faut écouter.
J’aperçois partout sur vos étagères
Heureux souvenirs, mignons et coquets,
Le troupeau fleuri des choses légères,
Les petits bijoux et les grands bouquets.
Or, ma bourse est vide et mon coeur soupire:
Si même un bouquet voulais vous donner,
Serait si chétif qu’il vous ferait rire
Et que ne pourriez me le pardonner.
Ne puis vous offrir de ces fleurs qui brillent,
Jasmin, rose ou lys, belle dame, mais
Dans mon jardinet chantent et scintillent
Floraisons du coeur, quatrains et couplets.
Ceci j’ai cueilli, c’est fort peu de chose.
Cherchant plus avant autre trouverais
Peut-être, mon Dieu? Las, mon coeur?… Je n’ose
Que bien volontiers je vous offrirais.