Mon esprit, qui voloit sur ces brillantes voutes,
Qui vont tout animant de leurs diverses routes,
Qui commandoit aux vents, aux orages souffreux,
Aux esclairs flamboyants, aux images affreux
Qui s’engendrent en l’air, d’un langage assez brave
N’agueres discouroit sur un sujet si grave ;
Mais razant ce jourd’huy le plus bas element,
Il est comme contraint de parler bassement ;
Ou, s’il parle un peu haut, sa voix est emportee
Par les ondeux abois de la mer irritee.
Ô Roy des champs flotants ! Ô Roy des champs herbeux,
Qui du vent de ta bouche esbranles, quand tu veux,
Le fondement des monts, et les vagues salees
Pousses contre l’azur des voutes estoillees,
Fay que, docte arpenteur, je borne justement
Dans le cours de ce jour l’un et l’autre element;
Fay que d’un vers disert je chante la nature
Du liquide ocean, et de la terre dure,
Que d’un stile fleury je descrive les fleurs
Qui peindront ce jourd’huy les champs de leurs couleurs